Bonjour tout le monde,
Nous profitons de notre nouveau passage à Tashkent pour vous envoyer quelques nouvelles sur la suite de nos aventures.
Ces derniers jours ont été très chargés et nous n’avons pas arrêté de bouger ; comme d’habitude, les imprévus se sont enchainés pour notre plus grand plaisir (ou désagrément)...
Nous sommes donc partis de Bishkek en direction de Tashkent juste après avoir publié le dernier article, aucun problème pour charger les bêtes dans le bus et tout allait comme sur des roulettes. Nous sommes rentrés facilement au Kazakhstan (transit par ce pays obligé, vu que la frontière entre l’Ouzbékistan et le Kirghizistan était toujours fermée). C’est après les 12 heures de trajet que la situation est devenue un peu plus complexe : le bus ne va en fait pas jusque Tashkent mais s’arrête à 15 kilomètres de là, du côté kazakh de la frontière. Jusque là, rien de grave mais nous ne tardons pas à découvrir que la frontière en question est fermée aux étrangers et qu’il faut se rendre à 100 km de là pour pouvoir traverser... Sans une seule devise locale en poche, sans avoir véritablement dormi, nous nous lançons dans une tentative de stop qui s’avère finalement fructueuse : nous voila donc, Gaël et François, a l’arrière d’un petit camion, dans la remorque, avec les vélos : bâche fermée pour ne pas que la police nous voie, poussière, chaleur intense et une route à nids de poule nous faisant faire des petits « jumps » d’un côté à l’autre de la remorque pendant les deux heures du trajet. Il n’en aurait pas fallu beaucoup plus pour que ça devienne désagréable, mais nous en sortons indemnes, avec une petite idée des conditions de confort des migrants clandestins. Un nouveau passage de frontière et nous voila en Ouzbékistan, il ne reste plus alors qu’à négocier une camionnette pour refaire les 100 km dans l’autre sens, du côté ouzbek cette fois, et nous voila enfin à Tashkent, quelque peu extenué.
L’Ouzbékistan ne nous est pas apparu au premier abord sous son plus beau visage : Tashkent est une grosse ville avec peu de charme et constituée d’immenses avenues ou filent de nombreux véhicules... (Notre regard est cependant biaisé et partiel, nous n’avons pas pris le temps de beaucoup visiter cette ville, de plus, le bazar vaut le détour). En plus de cela, l’Ouzbékistan est un Etat sur-fliqué et les démarches administratives pour touristes sont très peu adaptées à notre style de voyage (obligation d’enregistrement en hôtel toute les nuits et amendes sévères en cas de non-respect...). Heureusement, le futur nous montrera un autre visage (le vrai visage) de ce pays.
Après une bonne nuit de récupération, voilà que nous tombons au déjeuner sur deux cyclistes arrivés pendant la nuit et il s’avère que ce sympathique couple est originaire de Belgique!! Quel bonheur de retrouver un accent bien de chez nous (Bruxelles) et de réentendre quelques belgicismes tellement agréables à l’oreille... Cette rencontre fait que nous arrivons plus tard que prévu a l’ambassade kazakh (nous avions déjà fait un visa kazakh mais nous avions du l’utiliser pour faire le transit entre Bishkek et Tashkent et donc nous sommes repartis pour en faire un... chouette!!! Nous adorons ça, les démarches pour les visas!!!). La file d attente est assez longue et ça n’avance carrément pas, les portes se fermeront devant notre nez après trois heures d’attente. Nous avons donc gagné un ticket pour une nouvelle matinée de folie devant le consulat (le lendemain matin) et pour un retour vers Tashkent la semaine suivante pour récupérer notre passeport... La suite de la journée sera faite principalement de papote avec nos collègues et compatriotes à roulettes, Gérald et Sandrine. Le lendemain, une nouvelle matinée et début d’après-midi de démarches administratives et nous pouvons enfin quitter cette ville.
Ayant pris plus de temps que prévu au Kirghizistan (par choix), nous sommes obligés de faire une grande partie du chemin ouzbèk en transport en commun, nous décidons donc de rejoindre Samarcande en bus. Mais le temps de décider de l’itinéraire, tous les bus du jour pour Samarcande sont partis... Il ne nous reste plus qu’à faire du stop alors que le jour tombe. Nous négocions finalement notre entrée dans un objet roulant non identifié, sorte de camion soviétique qui a vu passer quelques époques et piloté d’une main de maitre par un gentil bonhomme. L’intérieur du cockpit est en fait super cossu (matelas partout sauf pour le chauffeur) et est limite "tuné" : l’installation sonore est impeccable et nous avons du mal à dissimuler notre surprise lorsqu’il fait sortir d’au-dessus du pare-brise un écran plasma où passent les clips des chansons écoutées... Après 15 minutes de route, c’est la pause diner et nous voyons débarquer au resto-route une dizaine de camions similaires au notre : nous nous retrouvons attablés avec une vingtaine de collègues camionneurs et avec le copilote de notre camion qui tente de faire notre bizutage dans l’équipe à la vodka... Cette situation atypique était vraiment agréable, la suite du trajet le fut également, ponctuée de nombreuses pauses qui font que nous n’arrivons pas avant l’aube à Samarcande.
Samarcande est une ville qui charme le voyageur au premier coup d’œil, ces petites rues et ces nombreux vestiges de l’époque où elle fut un carrefour important de la route de la soie lui donnent une ambiance particulière. Nous passerons la journée à la visiter avant de reprendre nos bêtes le lendemain matin pour tenter de rejoindre Bukhara par les petites routes. Nous quittons donc les chemins battus des villes touristiques ouzbèks pour nous perdre dans les profondeurs de ce pays... et nous sommes loin d’être déçus du voyage!
Le climat est chaud... voire très chaud ce qui rend difficile notre progression, nous reprenons donc un rythme comme au Rajasthan : lever très matinal et longue pause de midi pendant les heures chaudes. Quant aux paysages, ce sont d’immenses steppes arides où tout ce qui pousse pique et où les villages sont rares. Les arbres sont inexistants et donc leur ombre aussi, ce qui ne nous réjouit pas pour nos petites pauses. Le vent est très fort, c’est donc génial quand il est dans le dos mais moins gai quand il est de face : on a alors l’impression de se retrouver face a un sèche-cheveux géant (qui ne sèche pas les nôtres -de cheveux-, trop occupés à dégouliner de sueur...). Les steppes, on les aime pour leur coté perdu dans l’immensité, on les aime un peu moins pour leur côté monotone mais on les adore pour leur côté rencontre avec les locaux.
Les trois jours de vélos que nous avons effectués entre Samarcande et Bukhara furent en effet agrémentés de multiples rencontres tout aussi sympathiques, intéressantes voire hilarantes les unes que les autres. Nous nous attendions bien à une hospitalité chaleureuse, mais celle que nous avons rencontrée dans ces petits villages dépasse tout qualificatif. Sans qu’on ne demande rien, les gens nous invitent à boire le thé, à manger, à visiter leur patelin, à dormir. Nous avions déjà rencontré de tels signes ailleurs mais il y a ici une dimension spéciale difficilement descriptible, une culture de l’hospitalité assez phénoménale où on se sent vraiment mis à l’aise. Le cœur n’est pas toujours de la partie quand il faut repartir mais notre timing est assez serré ces jours-ci. Il faut également user de diverses stratagèmes pour éviter les multiples shots de vodka qui circulent dans ces maisons (à ce niveau, ils n’ont rien à envier a leurs voisins kirghizes), nous n’arrivons pas toujours à les esquiver mais nous y serions toujours si nous n’avions pas mis tant de vigueur (relative selon le moment évidemment) dans nos refus à la boisson et nos décisions de partir. Il est important de préciser que toutes ces rencontres et échanges se sont passés de traducteur : les quelques mots russes connus et les mimes ont fait l’affaire.
Nous sommes finalement arrivés à Bukhara hier en fin d’après midi et sommes directement partis a la recherche d’un bus pour Tashkent afin de pouvoir récupérer le fameux visa kazakh. Comme par surprise (hum), plus aucun bus ne va vers Tashkent et les taxis sont bien trop chers, nous voila donc repartis pour une nuit de stop. Alors que la nuit était largement tombé et que notre espoir s’amenuisait, une splendide Lada blanche s’arrête et nous charge. Nous sommes tout contents et Max est un bien chouette chauffeur. Le trajet durera toute la nuit et c’est donc de Tashkent, avec 700 km de Lada dans les dents pour nuitée, que nous clôturons ces nouvelles (les photos arriveront plus tard).
Bien le bonjour à tout le royaume et à la prochaine.
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3 commentaires:
Voici quelques mois que je suis votre fabuleux périple. Cette fois, je vous l'écris : merci de faire entrer ces magnifiques paysages et aventures dans ma routine familiale (pouponner c'est bien, mais on a parfois envie d'ailleurs!) Puisque vous êtes ailleurs, profitez en bien! Bonne continuation.
Johanne (A.R.Aywaille)
C’est avec beaucoup de plaisir que je suis votre périple.
Merci pour toutes les aventures et rencontres que je fais en votre compagnie
Bonne route
Guy Dodémont
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