samedi 22 août 2009

Adri : Dernières nouvelles...

Bonjour à tous,

Dernier post sans doutes avant le retour définitif au pays du petit bar (www.lepetitbar.be)... Dernières nouvelles aux paysages moins exotiques que ceux des deux autres aventuriers, mais histoires et photos dépaysantes tout de même. Pour moi en tout cas, le retour au pays se fait depuis quelques jours : mon clavier "azerty" est aujourd'hui un parfait inconnu qu'il faut dompter a nouveau. Après 5 mois sur des "qwerty" sans accent, ça ralentit la frappe ! Retour aussi des frites double-cuisson, du camping payant, des cyclistes par centaines, des facilités de l'Europe, de ... De quoi encore ? Pas grand chose qui manque fondamentalement, en tous cas, à part les repas de Maman et la famille et les potes qu'on se réjouit de revoir. Et justement, je vous écris pour le moment du Luxembourg, chez mon parrain. Seizième pays du voyage, première étape de cette dernière ligne droite qui devrait nous voir atterrir Pauline et moi le 24 août à Plainevaux, avec quelques arrêts d'ici-là dans la famille. Seizième pays ? Eh oui, car il y en a eu, du chemin depuis Budapest. Du détail ? Ouvrez vos mirettes, ça arrive !

Avec l'arrivée de Pauline le 1er août, c'est un nouveau voyage qui commence. Finis les jours en solitaire, les semaines sans hôtels et sans douches parce qu'on ne dérange personne et qu'on aime cette odeur finalement associée à la bourlingue. Finis aussi les coups de cafard seul dans son lit le soir (les avertis y reconnaîtront deux allitérations et un emprunt à un groupe de rap français ;-), les trois repas quotidiens en solo. Bref, des retrouvailles et le point de départ de vacances en couple un peu originales. Une page se tourne, on se rapproche de la Belgique dans un pays qui y ressemble déjà un peu.

Budapest, avant-dernière des quatre capitales traversées par le Danube, ville aérée où le neuf et le moins neuf s'harmonisent aux bâtiments historiques, est le meilleur souvenir citadin que je garderai de ce voyage. Après y avoir passé deux jours dans une guest house assez banale, je remballe mes affaires pour un couchsurfing (système de logement gratuit à travers le monde, génial ! - www.couchsurfing.org ) haut en couleur. Rencontre d'Atilla, un local de 28 ans qui me fait visiter la ville, ses coins historiques et ses endroits festifs. Voici une petite anecdote qui allie les deux et que je trouvais assez sympa que pour être racontée ici : en 1848, dans l'ère des révolutions européennes, la Hongrie tente la carte de l'indépendance. Elle réussira là où d'autres échouèrent, mais pour un an seulement. En 1849 en effet, les Autrichiens reviennent en force, aidés des Russes. Les Hongrois sont écrasés, et les leaders de la révolution doivent remettre leur reddition. Une fois celle-ci signée, Autrichiens et Russes lèvent leurs verres et trinquent au nez et à la barbe des vaincus. Ce geste est perçu comme un affront : "Pendant 150 ans, plus jamais nous ne le reproduirons !", crie le général en chef. La consigne est suivie, et voila dix ans à peine (en 1999...) que les Hongrois peuvent faire comme le reste du monde et trinquer en toute amitié. Mais comme les coutumes se perdent difficilement, il arrive que certains refusent toujours de le faire. Ne vous vexez donc pas si une nouvelle connaissance "magyar" ne répond pas à votre verre levé ;-)

Ceci dit, revenons-en au principal. Pauline est arrivée le 1er août. Retrouvailles heureuses, nous visitons la ville pendant deux jours après avoir trouvé un super vélo d'occase. Réflexion faite, nous suivrons le Danube qui passe par plein de petits coins sympas, offre un minimum de commodités et un chemin facile. Durant quelques jours, nous passons d'une rive à l'autre sur ponts ou par ferrys, rencontrons de nombreux cyclos et découvrons plein de paysages. La Hongrie est nettement plus belle et intéressante de ce côté de la capitale qu'à l'Est du pays (voir mon dernier post au cas où). Collines autour de nous mais pas sous les roues puisque nous restons toujours dans la vallée, petites îles très tranquilles que nous rejoignons en ferry de temps à autres, décors apaisants, nous roulons entre 50 et 75 km par jour en direction de Bratislava puis de Vienne où nous attend un ami de Pauline. Apres avoir alterné les rives hongroise et slovaque, nous arrivons en vue de Bratislava. C'est une capitale carrément minuscule... Elle compte moins de 500 000 habitants (et encore, ça doit être banlieue comprise...) et on dirait que le centre, c'est juste un jardin. Mais même si nous ne sommes pas restes longtemps, on peut dire que c'est très mignon et qu'il doit y faire bon-vivre.


Le lendemain, nous sommes a Vienne, ville d'une toute autre dimension. Nous y passons deux nuits chez Herwig (l'ami de Pauline) et deux jours, à déambuler dans des rues impessionnantes et assez romantiques. On vous met des photos plutôt que des mots, c'est beaucoup plus parlant ici ! Mais nous ne nous sommes tout de même pas trop attardés : dans un voyage comme celui-ci, tracer la route manque rapidement. Nous decidons de partir le 11. L'objectif est de rejoindre Passau, ville-frontière entre la Hongrie et l'Allemagne, puis de prendre un train pour traverser l'Allemagne et atteindre Sarrebourg où nous rejoindront mes parents. Mais il y a un hic : aucun train n'accepte les vélos pour un trajet aussi long, et de toute manière, le billet est de 125€ par personne. Après une petite frayeur où aucune solution n'apparaissait clairement, nous avons trouvé de manière très chanceuse un covoiturage Vienne-France. Trajet cinq fois moins cher et beauoup plus sympa en compagnie d'un jeune chanteur israëlien (http://www.myspace.com/ahava3) et d'une famille de Rouen assez rock'n roll.
Nous roulons donc encore quelques jours à notre aise en remontant la Sarre et rejoignons Sarrebourg. Ensuite, ce sont les retrouvailles avec les parents, puis trois jours de route avec le Padre pour rejoindre le Luxembourg. Ayant commencé ce texte il y a quelques jours déjà, nous nous trouvons chez les Grands-parents pour profiter de nos tous derniers moments de voyage.

Demain, nous reprenons la route pour une petite étape qui nous conduira à Hamoir, pour terminer lundi à Plainevaux. Si le coeur en dit à certains, nous vous proposons de venir nous rejoindre, passer une nuit au camping du coin puis repartir le lendemain matin, ou de rouler à notre rencontre en partant de la rue du Centre à 11 heures. Retrouvailles pour les autres au petit bar. On se réjouit de vous revoir !

En attendant un tout dernier mail qui viendra achever ce blog et que nous écrirons certainement à trois, mon récit s'arrête ici. Le voyage continue avec François et Gaël qui ne rentrent que dans un mois. Des adieux émouvants à ce moment ;-)

En attendant, il me paraît quand même important de déjà remercier tous ceux qui nous ont soutenus dans ce voyage, par mail, message, coups de fil ou autres...

En espérant vous voir un jour sur les routes,

Adri

Adri-Pauline : Budapest-Maison

Parlement de Budapest
Fisherman's Bastion

Le chateau


Square des Héros


Parc des vestiges communistes
Attila, mon hôte de couchsurfing
Qui voilà ?...



Statue de la liberté
Buda de nuit


Ferry sur le Danube

Bivouacs


Les très pratiques barrières slovaques... avec un trou pour le vélo !
Le Danube

On prend la pause pour la première étape : Bratislava.
Maisons flottantes

Les champs autrichiens, bien rangés...
Vienne...
... et Mozart.




Ahava, Lalla et Melchior du covoiturage
Paysages de la Sarre




En troupe



Passage au Luxembourg en ferry

et Margot...

jeudi 13 août 2009

Gael: Kapadokya - Istanbul

Avanos est située en plein centre de la Cappadoce. Je m'attends donc à y trouver pas mal de jeunes qui y passent quelques jours de repos. Sentiment renforcé par le nombre d'européens que je croise depuis mon passage à Urgup et l'ambiance de vacances qui en découle.
Pourtant les seuls à me voir débarquer au bord de la piscine sont quatre retraités bretons.
Impressionnés par notre projet, ils décident de fêter ça avec une bouteille de raki.
Malgré la moyenne d'âge, je prolonge la soirée en leur compagnie avec en prime un bon souper et quelques verres de pinard.

Le lendemain, ce sont les nouveaux venus, des italiens, qui m'invitent à refaire le monde autour d'une liqueur Napolitaine et de délicieuses pâtes au pesto. Pour info, j'ai 'étudié' pendant un an en Italie et parle donc correctement l'italien. Cette soirée se passe à merveille et la multitude des sujets abordés m’offre un certain recul par rapport à nos kilomètres de vadrouilles.

Je pique une dernière tête dans la piscine, bichonne une dernière fois mes jantes (les turcs ont tendance à soigner leur bolide, j'en prends donc de la graine), inverse les pneus (le pneu arrière commence à affıcher de vilaines cicatrices) et met le cap sur la vallée de Zelve que je visite.
L'endroit est somptueux. N'ayant pas de guide, j'imagine à quoi ressemblait la vie ici il y a plusieurs milliers d'années et invente une 'seconde vie' à toute cette architecture troglodyte. Je suis sûrement loin de la réalité mais c’est néanmoins très plaisant.

Je fais ensuite une boucle par Capusin par Göreme, etc. Ca grimpe de partout et les distances entre les différents villages sont assez longues. La Cappadoce n'est définitivement pas la région concentrée et reposante que j'imaginais. Quand je quitte la place centrale de Derinkuyu pour aller chez mon hôte (un vieux maçon), je rencontre six cyclotouristes de Brescia qui sillonnent calmement la région. Nous décidons de rouler ensemble, dès le lendemain, pendant quelques kilomètres. Le rythme est plus tranquille et la compagnie fait du bien. Plus besoin de s’inventer des histoires pour s’entendre parler. Nous passons le midi sur la place de Güzelyurt et arpentons le village durant l’après midi. En soirée, je négocie pour planter librement la tente au bord de l’hôtel ; je n’ai pas les mêmes moyens que mes nouveaux compagnons. Mais les italiens, qui rivalisent avec les turcs en générosité, ne l'entendent pas de cette oreille. Ils m'offrent la chambre ainsi que le resto et me proposent de les accompagner pour une journée de plus. A ce tarif là, je n’hésite pas à leur emboîter le pas. Départ à 10h pour 12km de descente avant d’arriver dans la magnifique vallée d'Ilhara. Un 'canyon' percé de maisons, de tunnels et de chapelles au fond duquel se tortille une rivière. Nous nous y promenons très tranquillement pendant le reste de la journée qui se finit, comme le veut la tradition, au resto autour de quelques Efes. Bref de purs moments de détentes.

Après ces deux jours de vacances au programme très plaisant, je quitte la compagnie italienne et sort de Cappadoce ( Selime, Aksaray). Contraint et forcé, ou presque, je monte sur l’autoroute. Le paysage est quasi monotone: des champs à perte de vue et le lac salé (Tuz Gölu) durant toute la journée. Ne voulant pas de ce régime pour le lendemain je prolonge les heures passées sur le vélo et puise mon énergie dans le melon, le plat de riz, la salade et les çay que l’on m’offre. Je retrouve finalement un paysage et des routes plus sympathiques après 203km. Ce paysage champêtre et montagneux est à nouveau interrompu par une portion de près de 50km sur l'autoroute. Un trafic de fin de journée, un vent de face, des nuages menaçants et une banlieue industrielle, tous les ingrédients sont réunis pour passer une mauvaise soirée. Mais, comme à chaque fois, les turcs, qui gèrent parfaitement mon séjour dans leur pays, me viennent en aide. Une camionnette s’arrête et je monte à bord pour les 15km qui restent sur ce tronçon. Cinq minutes plus tard, nous embarquons un autre cycliste.
Cette fois, ce n’est pas un voyage qui fait rêver et qui vous donne des fourmis dans les jambes. Nima est photographe de presse en Iran et il fuit son pays où il est en danger de mort. Apres être monté 'clandestinement' dans le train reliant Tabriz et Van, il a roulé vers Ankara (près de 14h par jour) où il a demandé le statut de réfugié politique. Il se dirige maintenant chez un ami en espérant rejoindre l’Allemagne dans quelques mois. J’en reste évidemment bouleversé et suis mal à l’aise lorsque j’explique pourquoi je suis sur les routes. Nous partageons le risotto offert par les italiens et passons la soirée à discuter avant d’être interrompus par un orage.

Le lendemain, une fois que chacun a repris sa route, je profite deux fois plus de la chance que j’ai de pédaler paisiblement dans un tel décor. Un dernier col, et je plonge dans la vallée de Sakarya. Un paysage fantastique, mais néanmoins très physique, où les petits villages s’enchaînent. Je suis donc encore invité de nombreuses fois à boire le çay, prendre un repas ou passer la nuit. Des moments très plaisants qui ont rendu ma traversée de la Turquie extraordinaire.
Me voila à moins de 200km d'Istanbul et après de nombreuses tentatives j’arrive finalement à contacter François. Il est à une grosse journée de vélo derrière moi, je décide donc de l’attendre à Sarıcakaya.

Il nous faut encore deux jours et une vingtaine de çay pour rejoindre Istanbul où un séjour festif et 'culturel' nous attend. Nous y préparons également l’itinéraire des semaines prochaines qui est encore fort vague faute de carte précise.


A très bientôt

Gaël