dimanche 10 mai 2009
Arrivée en Chine
Après un jour de préparatif (courses, internet, cartes postales, etc.) nous sommes partis pour un petit trek dans les montagnes avoisinantes, armés de deux sacs à dos loués dans un magasin de sport du coin. Nous traversons le labyrinthe qu'est le vieux village de Karimabad. Les maisons de pierre se succèdent au fil des ruelles, des escaliers et des terrasses potagères. Heureusement, un gamin du coin (12 ans) nous aide à trouver le chemin. Un peu plus loin, quand il faudra attaquer un versant assez abrupt, notre guide nous proposera même de porter nos sacs vu le mal que nous avons à le suivre... (et dire qu'en plus d’avoir 12 ans de moins que nous il a des chaussures lisses...) Nous longeons ensuite un aqueduc taillé dans le flanc de la falaise pendant plusieurs centaines de mètres (un chemin large de 60 cm bordé d’un précipice de plusieurs dizaines de mètres...). C’est impressionnant comment ils arrivent à tirer profit de l'eau sortant des glaciers pour irriguer tout le village. Sur le seul versant que nous arpentons il y a 3 aqueducs situés à des hauteurs différentes (nous en avons déjà aperçus régulièrement le long de la KKH). Nous continuons notre ballade au travers d'éboulements avant de rejoindre des pâturages et finalement aboutir dans l'Ultar Meadows (cirque montagneux). A notre arrive le ciel est nuageux mais une fois le repas fini tout se dégage et nous pouvons découvrir le glacier, les falaises et la vallée enneigée qui nous fait face. Le cadre est sympathique mais malheureusement nous ne pouvons continuer puisque le Pass situé 1000m plus haut (4200m) est toujours sous un mètre de neige. Nous décidons donc de redescendre un peu déçus mais heureux de reprendre la route vers des endroits moins fréquentés. Le lendemain nous partons pour Passu, petit village le long de la KKH (2 maisons, 1 resto, 3 hôtels), ou nous espérons refaire un trek de plusieurs jours. La météo n'est pas top mais les paysages sont loin d'être déplaisants. Nous prenons nos renseignement mais pour plusieurs raisons nous décidons de pas faire de trek : le guide ne se soucie que du lait qu'on doit prendre pour son tchaé la météo est capricieuse et nous ne sommes pas sûr d’avoir des sacs adéquats. Cette décision nous permettra aussi de prendre plus de temps en Chine et au Kirghizistan... Vendredi nous reprenons la route. A 10km du point d’arrivée, Sost, nous croisons Séb, un Suisse parti il y a 9 mois pour rejoindre le Népal a vélo (http://www.un-peu-plus-loin.ch/). Ses photos nous motivent pour notre passage en Chine mais il nous annonce qu'on lui a refusé, le matin-même, le passage du contrôle policier de Sost pour monter à vélo jusqu’au Khunjerab. Après un copieux diner nous essayons. Le flic nous demande où nous allons. Sans nous arrêter, nous répondons simultanément: Chine (Adri), Khunjerab Pass (Francois) et Khunjerab Park (Gael). Le policier n'a sûrement rien compris mais nous passons tous les 4 et profitons deux fois plus de ce décor que nous avons failli louper. La vallée devient plus étroite, un véritable goulot que nous découvrons au fur et a mesure. A chaque virage un nouveau point de vue, une nouvelle falaise, un nouveau sommet enneigé... Ca va dans tous les sens et malgré une météo nuageuse on prend notre pied. Dans de telles conditions, le vélo avance presque tout seul malgré le dénivelé. Et s'il n y avait pas eu le contrôle au début du National Khunjerab Park, nous aurions probablement encore roulé longtemps. Nous avons dû nous y arrêter pour camper, car le séjour dans le parc est interdit. Caserne militaire a côté de nous avec un chef parlant un bon anglais, et très cool. Petites pâtes du soir sympa, à côté des premiers yacks de notre voyage. Nous étions alors a 3200 mètres d’altitude. Le lendemain, à nouveau des pâtes (juste au Ketchup cette fois ;-) pour le déjeuner, réveil sous la neige, et entame des 52 km qui devaient nous permettre de rejoindre le sommet du Khunjerab à 4733 mètres. Problème : nous avions 1500 mètres d'altitude à grimper, et nous étions censés les redescendre dans la journée puisque nous ne pouvions pas dormir dans le parc. Or, deux soucis : pédaler a 4000 mètres c'est la mort (maux de tête, respiration plus difficile, température glaciale donc pas possible de faire de grosses pauses donc on va moins vite), et le vent ascendant des vallées est un vrai supplice en descente (nous restons collés sur place si nous ne pédalons pas!). Donc le retour, bien que descendant, allait prendre plus de deux heures, alors que nous prévoyions d'arriver la a 17h passées, et que la nuit tombait vers 19h30. Du coup, le chef de la garde a proposé de nous signer un papier pour exceptionnellement dormir dans le parc, a proximité d'une caserne qui se trouvait a 17 km du sommet. Nous ne nous sommes pas fait prier...Départ sous une petite neige donc, qui heureusement s'est bien vite arrêtée. Nous avancions tranquillement, Adri avec un bon mal de tête dû a un manque de sommeil, Seb au moins a 5km/h plus vite que nous, François un peu malade un peu plus lentement, et Gaël en forme. Vers 13h, nous faisons cuire nos nouilles. Nous approchons des 4000 mètres. Mais plus nous avancions, plus nous attendions un dénivelé qui ne venait pas vraiment. C'est à hauteur de la caserne, à 17 km du sommet que les choses très sérieuses ont commencé. Un énorme lacet s'étirait sur la colline. Il nous restait 700 m à grimper. Nous nous y sommes mis, mais Khunjerab n'était pas encore en vue. Par contre, c'est la neige qui s'est mêlée a la partie. Paysages superbes, même s’il faisait gris. A 5 km de la présumée fin, les routes étaient impraticables à vélo. Nous avons donc commencé à les pousser, en essayant de ne pas trop glisser sur les plaques de glace. Un vrai défi, mais qui en valait la peine. La passe n avait rien d'exceptionnel, des bâtiments désertés et une stèle célébrant la bonne entente sino-pakistanaise, mais c'était probablement LE défi sportif du voyage. Petit bémol, Seb avait casse son appareil photo à 800 euros, et était un peu séché dans son élan. Mais ça ne nous a pas empêché de jubiler a mort ! N'empêche, ça caillait correct, il était 18 heures et nous n'avons pas trainé... Environ -5 degrés avec gros vent, nous avons fait 2 photos et avons voulu repartir. Premiers mètres sans soucis, avec le vent, les roues de François ont commence à geler. D'énormes glaçons s'y étaient formés et les freins étaient morts. Une fois le souci des glaçons résolu, nous avons pu penser aux roues. Les jantes étaient recouvertes de glace. Nous avons réchauffe ça en frottant, et ca a marché. Mais une fois le François reparti, c'est le vélo d'Adri qui a bloqué. De nouveau quelques minutes de perdues, puis ce fut le tour de Gaël qui ne voulait pas s'acharner sur le vélo et qui voulait redescendre a pied. Après quelques péripéties, nous étions repartis vers 19h... Nous avons descendu la pente jusqu'a la caserne, nous avons été accueillis par les militaires autour d'un poêle au charbon et d'un tchaë bien chaud. Nous avons mangé, puis danses et chants avec tout le monde. C'était une soirée géniale et tellement loin des représentations qu'on peut se faire des soldats pakis. Trop trop fort, on à bien profité. Puis, lois de l'hospitalité paki obligent, nous avons dormi dans leurs lits... Le lendemain nous nous levons de pas trop bonne heure, nous faisons nos adieux après quelques photos et un petit déj préparé par eux... Ils assurent jusqu'au bout ! Puis nous repartons, retour à Sost sous un soleil qui nous fit redécouvrir la vallée d'un œil nouveau. Merveilles de la nature, ibex et petites pauses magiques émaillent la journée. A Sost, location d'hôtel, réservation du bus pour partir en Chine vendredi. Pas de souci, soirée très agréable avec deux restos pour contrebalancer les 5 jours ou nous avions mangé des pâtes a tous les repas... Seulement, toujours pas de douche, les Chinois ont fait péter les canalisations d'eau jusque Karimabad, et on ne s'est pas lavés depuis je ne sais plus quand... Marrant à dire mais pas toujours a vivre dans la tente le soir... Bref, le lendemain, on prend le bus, avec un peu de retard puisque les Chinois ont fait péter un pan de falaise qui bloque la route à 30km au nord de Sost. Départ dans un bus surchargé, on commence à s'y faire. On refait la route de l'avant-veille plus rapidement, et je peux fièrement caser a mon voisin que moi, j'ai fait ca sur mon vélo ;-) Puis passage en Chine. Subitement tout change : les militaires sont omniprésents et aux garde-à-vous alors qu’ils dansaient avec nous 20km plus bas. Le goudron est parfait et la vallée, 3km de large au moins, s'étale a perte de vue. Les troupeaux de moutons, de yaks et de chevaux se succèdent sous le regard de rapaces aux envergures impressionnantes. Apres 120km dans ce décor presque désertique, nous atteignons Taskhurgan. A la douane, les chinois se mettent un stress pour la fièvre mexicaine dont nous avions vaguement entendu parler, et contrôlent la température de tous les arrivants. Gaël et Adri passent sans encombre mais François a 38.5. Il a passé tout le trajet a cote d'une fenêtre cassée et s'est tapé tout l'air froid alors qu'il était déjà un peu malade et qu'il avait eu de la fièvre les deux nuits précédentes. Du coup, ils appellent un médecin, nous font patienter une demi-heure. Pendant que Gaël et Adri partent aux toilettes, ils kidnappent François pour l’emmener à l'hôpital. Ils nous demandent ensuite de patienter encore un peu... Deux minutes plus tard, un gars habillé comme pour visiter une centrale nucléaire se ramène... Avec une combinaison blanche, masque et pulvérisateur, il commence sans nous prévenir à arroser nos vélos, nos sacs, notre bouffe, nos bouquins et nous-mêmes... La solution qu'il pulvérise attaquait carrément le nez, et nous nous sommes mis a tousser, tousser et a avoir du mal à respirer. A un moment, nos amis chinois ont quand même bien voulu nous laisser sortir, quand ils ont remarqué que la garde avait déjà pris le chemin du dehors. Apres 5 min, nous avons été voir ce qu'il en était, et ils nous ont dit de passer les contrôles. Nous étions alors les seules personnes sans uniforme de tout le bâtiment. Un premier militaire veut contrôler nos passeports, mais le chlore (nous pensons qu'il s'agissait de ca) est toujours dans l'air. Le gars a du mal a tenir nos papiers tant il tente de se couvrir le visage pour ne pas pleurer et respirer. Finalement, il nous laisse passer après un coup d'œil distrait (ils nous avaient déjà contrôlé au moins 5 fois...), et nous devons à nouveau attendre pour le contrôle suivant. L'air est irrespirable et nous prenons une petite porte latérale vers une cour intérieure. Dix minutes plus tard, nous passons nos bagages aux rayons X, et la femme du contrôle essaye même d'y faire passer nos vélos. Elle abandonne après le premier essai, vu que nos bécanes sont deux fois plus grandes que sa porte... Les bagages passés, nous les remettons rapidement sur les vélos, mais pas assez au goût des Chinois qui sont de nouveau là avec leur pulvérisateur pour complètement désinfecter la zone. Mais revenons un peu en arrière : tout cet attirail de mesures a été déployé pour faire bonne figure face a la grippe porcine, ce fameux virus H1N1 dont nous avions à peine entendu parler, mais dont on doit certainement vous rabattre les oreilles a longueur de J.T. Nous avions compris au moment de remplir un formulaire aux douanes, quand on nous demandait si nous avions été la semaine précédente au Mexique... Mais nous ne nous attendions pas a de telles mesures au moment de conseiller a François de ne pas dire sur la feuille qu'il se sentait fiévreux ... Avant de continuer, il faut décrire encore un peu l'ambiance du hall des douanes : des soldats partout, qui au début nous interdisaient de sortir pour quelque raison que ce soit, des flics aux douanes qui nous regardaient bizarrement dès que leur thermomètre a indiqué 38.5 degrés pour François, et un seul d'entre eux qui parlait un tout petit peu d'anglais. Autant dire qu'à partir du moment où François s'est fait repérer, nous nous sommes sentis un peu mal... Et puis quand le martien est arrivé avec son gaz-moutarde, tout le monde en a pris une bonne giclée. Eux comme nous... Sauf que pour eux, tout est drôle. Ils toussaient a mort aussi à l'intérieur, mais une fois sortis ils faisaient bonne figure et se mettaient a rire. Bref, nous sentions un certain malaise que tout le monde se gardait bien de montrer. Une fois sortis du bâtiment, nous avons pris la route d'un hôtel qui se trouvait juste à côté de l'hôpital, ou nous comptions bien retrouver François. 3 vélos chargés pour deux, c'était un peu galère, jusqu'au moment ou nous avons rencontre un Français de Rennes qui nous a sympathiquement aidés à les pousser (http://www.nonotraveltour.blogspot.com/). Nous les avons déposés a l'hôtel, et une heure plus tard, nous avions retrouvé le grand malade. Nous avons ensuite fait connaissance avec un officier-traducteur, puis avec le chef de l'hôpital et quelques personnes en civil que nous croisions a chaque rue depuis les douanes. Une heure et demie plus tard encore, nous étions dans un resto, à papoter avec Arnaud. Mais un problème subsistait : les soldats avaient gardés le passeport de François en attendant les résultats des tests. Du coup, le lendemain, le docteur qui avait demandé que François l'appelle toutes les heures de la nuit pour lui donner sa température (il ne parlait rien d'autre que le Chinois, du coup ca aurait été difficile...) avait ramené une ambulance devant l'hôtel. On a fait le blocus, mais impossible de comprendre ce qu'ils nous voulaient exactement puisqu'aucun d'entre eux ne parlait anglais. L'officier à qui nous avions donné rendez-vous nous avait fait faux bond. Nouveau souci : nous n'avions pas encore eu le temps d'échanger des Yuans pour payer l'hôpital, et nous ne savions pas où récupérer le passeport... Gaël et Adri sont donc partis aux douanes pour tenter de récupérer le passeport et trouver de l'argent. Ok pour les yuans, mais le passeport venait de repartir pour l'hosto. Retour donc a l'hôtel pour récupérer François, qui nous avait laisse ce petit mot sur un coupon de PQ : "RDV HOSTO" (le jeu de piste continue...). Rendez-vous pris, nous nous y sommes rendus directement, pour récupérer le tout et clôturer cette arrivée turbulente en Chine. Depuis, François récupère à l'hôtel pendant que nous nous affairons pour préparer notre départ vers Kashgar... Nettoyage des vélos à une station de nettoyage de véhicules (ils brillent de mille feux), nettoyage des vêtements dans une vraie blanchisserie chinoise (comme dans Lucky Luke), dégustation des nouilles fraiches du pays, premières bières depuis deux mois et apprentissage des premiers mots de base. Un dernier petit mot sur la région où nous nous trouvons : le Xinyang est en fait un Tibet méconnu où se mélangent les cultures Ouygouhr, Tadjik et Han. Le gouvernement central se débrouille pour effacer au maximum ce qui ne lui est pas propre, et la censure est bien présente. Ici, impossible d'appeler un numéro étranger de n'importe quel téléphone que ce soit et toutes les connexions USB du seul café de la ville ont été désactivées. La ville minuscule de Tashkurgan où nous nous trouvons est agencée comme une vraie petite cite communiste : grandes allées larges bordées d'arbres, maisons très semblables en carrelages blancs, statues tous les 50 mètres représentant de préférence des soldats, militaires omniprésents, etc... Il n'empêche, nous nous y sentons fort bien, et les très brefs contacts que nous avons eus avec les gens ont été très cordiaux. Demain matin si tout se passe comme prévu, nous partirons pour le lac Karakul, une merveille naturelle perdue au milieu de rien. Nous espérons rejoindre Kashgar d'ici 4 jours mais sans nous presser, histoire de bien profiter du lac et des imprévus de la route. Nous vous enverrons si possible d’autres photos a Kashgar !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
6 commentaires:
http://nonotraveltour.blogspot.com
;)
"quand on nous demandait si nous avions été la semaine précédente au Mexique... "
genre "ben ouais, on en vient juste à vélo, connard" ^^ ca fait sketch de Bigard mais bon... :p
Pas cool vos histoires en Chine contrainement à ce que vous décrivez des pakis.
aventures palpitantes et je me réjoui de lire la suite (premier commentaire que je dépose en fait)
courage pour les "petits pépins" inter culturels!
bizz
Magnifiques photos :-) , votre voyage parait sensationnel !
Adri ,J-quelques avant les gateaux !
Gros bisous & courage,
Cousine Coline :-)
Enregistrer un commentaire