lundi 7 septembre 2009

D Istanbul a la Croatie

Bien le bonjour tout le monde,
que de chemins parcourus depuis nos dernieres nouvelles, d'Istanbul nous voila maintenant a Dubrovnik en Croatie.

Commencons par Istanbul, cette megapole plantee dans un environnement splendide, entre Europe et Asie, entre terre et mer. A notre arrivee, nous avons eu du mal a mettre la main sur l homme ayant propose a Gael de venir dormir chez lui trois semaines plus tot, alors qu il voyageait en stop dans l Est du pays. De lui nous n avions qu une adresse et un numero de telephone, meme pas son nom. Ni le numero ni la sonnette de l appartement ne nous donnerent de reponse mais les habitants du quartier ont vite compris qui on venait chercher, nous ne sommes pas les seuls voyageurs qu il a l habitude d heberger apparemment. Finalement, nous arriverons a le joindre par internet, nous aurons quelques mots de lui : la cle est sous le paillasson! Nous sommes epates par la confiance qu il nous octroie alors qu il a parle au maximum 5 minutes avec Gael 3 semaines plus tot. Nous emmenageons donc dans notre nouveau chez nous sans notre hote avant d aller faire un tour dans la ville. Nous ne verrons notre hote qu en rentrant vers minuit : il s appelle Baran, a des longs cheveux, passe sa vie a accueillir des gens gratuitement et a jouer de la batterie. Nous vous epargnons le programme de notre visite de la ville, on passera beaucoup de temps a s y promener au hasard, tentant de s impregner de l ambiance de la ville. Nous avons egalement retrouve les amis italiens de Gael avec qui il a roule en Cappadoce, ils sont vraiment de bonne compagnie. Nous avions decide de repartir le samedi matin, le 15 aout, mais avant cela, il nous fallait decouvrir la vie nocturne de cette ville, nous sommes donc partis le vendredi soir feter le 14 aout comme a Lidje. Apres un petit restaurant genereusement offert par nos amis italiens, nous nous embarquons dans les nombreuses ruelles a cafe du quartier de Taksim. Ce grand nombre de cafe dans de petites ruelles fait un peu penser a notre carre en 6 fois plus grand mais le standing y est un peu plus luxueux que par chez nous ; nous, au contraire, notre standing n est pas des plus avenants : sandales, shorts a trous et T-shirt presque meme pas sale au milieu des robes de soiree et autres, ca passe pas trop bien. Nous essuyons ainsi quelques refus d entrer, dans ce meme pays nous ayant ouvert toutes les portes de ses maisons, ca fait jamais plaisir. Finalement, nous atterissons au Joker, cafe connu de Gael lors de son dernier voyage et tenu par un pote d un pote. Chouette! on nous laisse rentrer. Le barman "YBT" a l air d adherer au dicton "les amis de mes amis sont mes amis", nous nous faisons donc arroser correctement le gosier par ce dernier qui, des que la biere est terminee, lance depuis la pompe la petite soeur glisser sur le bar pour arriver pile poil entre nos mains. Lorsque nous trouvons la force de quitter nos chaises et ce bar sympathique, il refuse que nous payions quoi que ce soit de nos nombreuses consommations.

Le lendemain, c est avec un bon gros mal de cheveux que nous nous reveillons dans la precipitation pour ne pas rater notre bus vers Tekirdag : nous avons en effet decide d eviter la sortie interminable et chaotique d Istanbul en velo et prenons donc un bus. En fin d apres midi, nous revoila sur nos betes au bord de la mer de Marmara, l estomac toujours retourne mais heureux de la visite d Istanbul, heureux aussi de repartir a velo le long de la mer.

De cette sortie de la Turquie ainsi que de la traversee du Nord de la Grece, nous n attendions rien de special, nous pensions a des grosses routes dans des paysages pas terribles mais nous avions tort. Des le premier soir, nous dormons a la belle etoile dans un parc naturel, foret de pin en bord de mer... apres le tumulte d Istanbul, ce retour au calme est bien agreable. Nous empruntons un maximum de petites routes, nageons dans la mer pendant nos pauses. Bientot, la mer de Marmara laisse la place a la mer Egee et la frontiere grecque approche. Le passage de cette frontiere etait synonyme de beaucoup de choses pour nous. Il signifiait la fin de la Turquie qu on a vraiment aime, la fin des pays asiatiques et lointains. C est le debut de l Europe, de l'Occident avec tout ce qui va avec : la richesse, l Union Europeenne, le retour a une facon de vivre proche de la notre, la fin des invitations multiples aussi.
L union europeenne nous sauta effectivement a la gueule, apres 5 mois dans des pays plus pauvres, "en developpement", ca fait tout bizarre de se retrouver la. Le changement n est nullement progressif, il apparait d un coup lors du passage de frontiere. Nous nous etions pourtant trompe sur une chose, l hospitalite et la generosite ne se terminent pas avec cette entree dans l Europe mais elles sont differentes : alors que nous buvions le cay avec des fermiers edentes la veille, nous nous retrouvons le lendemain invites par un ingenieur post doctorant vivant dans une villa proche de la mer et partant en vacances en Asie du Sud Est. Nous sommes enormement etonnes par le nombre de choses que les habitants nous offrent et ce sans meme nous avoir parle : cafes, fruits, legumes, tartes... Pitie ou generosite, ca nous fait quand meme plaisir.
Nous avons pris 5 jours pour traverser le Nord de la Grece, alternant petites routes sympas et plus gros axes pour pouvoir avancer. En gros, on s attendait a pire et on est plutot content du resultat. Un bemol cependant : des que le soleil venait a se coucher, nous nous faisions prendre en chasse par des hordes de moustiques transformant nos sympathiques soirees en enfer, nous obligeant a sortir nos vestes et pantalons de pluie malgre la chaleur des soirees grecques.
Vint ensuite la frontiere macedonienne et la premiere ville de ce pays, Bitola. Cette ville faite de blocs HLM a la communiste nous replonge dans les petites villes d Asie centrale. Alors que nous avions tire un trait sur ces etranges villes dont nous adorions l ambiance, nous y revoila pour notre plus grand plaisir. Notre traversee de la Macedoine fut courte (deux jours) mais nous avons eu le temps de parcourir un parc naturel sympathique coince entre deux lacs bien jolis. A peine le temps de se faire au deux trois mots de jargon local et nous voila a la frontiere albanaise.

Nous sommes a nouveau frappes par la difference de niveau de vie. Decidement la grece n etait pas le cap decisif de l entree dans les pays riches et prosperes... En Albanie, c'est le retour en force des anes et des charettes, des maisons construites n importe comment, du manque total d infrastructures publiques et notamment de routes, la vie rustique revient ici en force. Comme dans chaque pays que nous traversons, nous essayons de prendre le plus de route secondaire possible mais, ce que nous ignorions, c est que dans ce pays ultra montagneux, seuls quelques gros axes sont sommairement asphaltes.
Au mieux, les routes secondaires sont des pistes rocailleuses, au pire, des chemins forestiers totalement defonces. Meme si la pauvrete nous a choque ailleurs, nous ne pensons pas avoir vu un tel manque de service public.
Lors de notre premiere journee, apres plusieurs kilometres de grimpette et une descente coriace dans des decors ahurissants et sauvages, nous arrivons fin d'apres midi au village de Selishte. A peine arrive, Gevito, bucheron de profession preferant boire des bieres que couper du bois, nous propose son aide. Comme de nombreux albanais, il a profite de l ouverture des fontieres dans les annees 90 pour tenter sa chance en Italie. Nous soupons dans sa famille et discutons avec son pote Immerto de leur "periple" italien. Il est interessant d ecouter l experience difficile de ces ex sans papiers, de ces deux hommes arrives la sans rien connaitre de l italien. Renommes Mario et Giovanni par leur patron, ils travaillaient enormement pour ne pas gagner grand chose, ils ont donc decide d abandonner leur 'Italian dream' et sont rentres au bercail. Gevito est un sacre gaillard : il crie haut et fort qu il adore boire tous les jours, qu il deteste travailler et qu il ne veut pas se marier. Sa mere, petit phenomene elle aussi, nous dit avec le sourire de le prendre avec nous et de le jeter ou on veut mais loin d'elle, qu il debarasse le plancher... Tres chouette soiree suivie d une bonne nuitee et d un petit dejeuner a l albanaise.
Nous sommes non loin d un tres beau site naturel que tout le monde nous conseille mais que personne ne croit possible de faire a velo. C est pire que les routes de la veille? c est physiquement possible? Nous nous rendrons vite compte que oui... Nous prenons deux camions en cours de route pour reduire le temps en bicyclette sur ce chemin desastreux, meme sur le camion, c est toute une aventure et nous vivons le trajet avec nos tripes : petite route en bord de falaise dont on ne prefere pas regarder le fond, denivelles incroyables ou on se demande si le camion ne va pas faire un cumulet en arriere et ou nous devons nous accrocher de toute nos forces a une corde pour ne pas tomber du camion. Bientot, nous voila seuls avec nos velos au milieu de cette route ou nous ne croiserons que deux jeeps sur la journee. Comme nous nous le sommes dits a plusieurs reprises, plus une route est pourrie et plus les decors sont grandioses, voila l equation qui ressort d une reflexion de 5-6 mois sur les routes... A 18 heures, le compteur n affiche que trente malheureux kilometres, on aurait presque ete aussi vite a pied mais heureusement la route vient a s ameliorer et, apres une nuit dans une ancienne ville miniere aujourd'hui deserte (de laquelle se degage une ambiance vraiment bizarre), nous retrouvons un semblant de route asphaltee qui fait un bien fou a notre posterieur et nous ramene jusqu a la cote.

La cote albanaise n a rien de particulier et nous nous retrouvons tres rapidement au Montenegro que nous comptions traverser le plus vite possible. Nous avions cependant sous estime le cote escarpe de ce pays dont le nom aurait pu nous mettre la puce a l oreille. Ce pays dont nous n attendions rien est a nouveau une grosse claque au niveau des paysages : innombrables montagnes en forme de domes, lacs, verdures... Ce decors est vraiment incroyable et est vraiment different des autres paysages de montagnes. Nous nous retrouvons rapidement a en peiner avec les denivelles qui s enchainent et avec le soleil qui nous brule toute la journee et Gael finira par nous faire une petite insolation. Nous verrons finalement la fin de ce pays arriver avec la magnifique baie de Kotor et nous voila enfin en Croatie.

Apres quelques heures de pedales, nous arrivons a Dubrovnik d ou j ai commence a vous ecrire ces lignes. Depuis ce moment, notre voyage a pris une toute autre tournure avec l arrivee d une fringante equipe d amis ayant fait le chemin depuis la Belgique pour nous faire coucou. Romain, Marie, Cyprian et Francois ont donc debarque sur les cotes croates pour une petite semaine plus festive que sportive et nous les remercions beaucoup d etre venus nous rendre une petite visite qui fut tres agreable. Nous y avons bourlingue de camping en camping, de petites plages en petites plages et avons particulierement apprecie notre passage sur l ile de Korcula.

Nous n avons cependant pas avance beaucoup et prenons donc d ici une demi heure un bus qui nous emmenera de Split a la frontiere entre la Croatie et la Slovenie, ce qui nous permettra de rentrer au royaume pour le samedi 26 et le fameux barbecue qui s y deroulera ou vous etes tous plus que fortement convies.

A tres bientot donc

Francois

5 commentaires:

D'Joyeux Wallons a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
D'Joyeux Wallons a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Ori a dit…

Salut les gars!
Vous passez par l'Italie?
Moi je suis en Italie, je ne serai donc pas là pour votre retour en Belgique, par contre, si vous décidez de passer par Bologne (ce n'est qu'un tout petit détour..) vous serez les bienvenus chez moi, on pourra faire la fete "à l'italienne"!!
ce serait vraiment super chouette!
gros bisous
ORi

Pauline & Adri a dit…

Ben les gars, j'suis trop content pour vous mais j'avoue que je suis trop jaloux de plus être à vos côtés (qui ne le serait pas en fait ?)... Les paysages ont encore une fois l'air d'être merveilleux, les rencontres trop bien... Merci pour ce post que j'attendais depuis longtemps !

prenez soin de vous,

Adri

D'Joyeux Wallons a dit…

Lu dans la DH le 4 septembre:

12.000 bornes à vélo (04/09/2009)

Neupré
Partis d'Inde, François et Gaël seront à Liège d'ici la fin du mois. Adrien est rentré plus tôt

AVENTURE C'est dans le petit village de Plainevaux, sur la commune de Neupré, que vit Adrien, mais c'est un désir d'aventures qui l'a conduit ce derniers mois... au bout du monde.

Car, quand ce jeune homme de 24 ans, historien, décide de partir avec ses deux amis, Gaël et François, Liégeois également, ce n'est pas à la mer du Nord qu'ils vont faire du vélo mais bien en Inde.... "Nous avions l'idée de partir mais on ne savait pas où" , explique Adrien. C'est le hasard qui les conduira en Asie. "Un ami nous a expliqué avoir fait le tour du monde à vélo, et nous a parlé d'une route superbe au Pakistan."

Certes, cette route était splendide, mais chaque voyage est une aventure personnelle. Depuis le mois de mars, les compères étaient trois et tentaient de revenir en Belgique. Si François et Gaël sont actuellement en Croatie, Gaël (lire Adrien) est rentré pour reprendre des études. Et il se souvient déjà : "Mon meilleur souvenir, c'est le passage du Khunjerab Pass, un mont de 4.700 m au Pakistan, il faisait tellement froid que les roues gelaient" . Des coups durs, ils en ont eu aussi, comme lorsqu'ils traversèrent les bidonvilles en Inde ou en constatant, après un mois et demi, qu'ils avaient perdu 28 kg à eux trois.

Ce périple, ils le conseilleraient à quiconque, "à condition d'avoir un goût pour l'aventure" . Et avec une certaine préparation physique, "bien que la condition vienne en roulant" . Adrien a roulé pas moins de 7.500 km en passant par l'Inde, le Pakistan, la Chine, l'Asie centrale, le Caucase et la Turquie. D'ici fin septembre, Gaël et François reviendront avec 12.000 km dans les jambes.

Marc Bechet

© La Dernière Heure 2009