Avanos est située en plein centre de la Cappadoce. Je m'attends donc à y trouver pas mal de jeunes qui y passent quelques jours de repos. Sentiment renforcé par le nombre d'européens que je croise depuis mon passage à Urgup et l'ambiance de vacances qui en découle.
Pourtant les seuls à me voir débarquer au bord de la piscine sont quatre retraités bretons.
Impressionnés par notre projet, ils décident de fêter ça avec une bouteille de raki.
Malgré la moyenne d'âge, je prolonge la soirée en leur compagnie avec en prime un bon souper et quelques verres de pinard.
Le lendemain, ce sont les nouveaux venus, des italiens, qui m'invitent à refaire le monde autour d'une liqueur Napolitaine et de délicieuses pâtes au pesto. Pour info, j'ai 'étudié' pendant un an en Italie et parle donc correctement l'italien. Cette soirée se passe à merveille et la multitude des sujets abordés m’offre un certain recul par rapport à nos kilomètres de vadrouilles.
Je pique une dernière tête dans la piscine, bichonne une dernière fois mes jantes (les turcs ont tendance à soigner leur bolide, j'en prends donc de la graine), inverse les pneus (le pneu arrière commence à affıcher de vilaines cicatrices) et met le cap sur la vallée de Zelve que je visite.
L'endroit est somptueux. N'ayant pas de guide, j'imagine à quoi ressemblait la vie ici il y a plusieurs milliers d'années et invente une 'seconde vie' à toute cette architecture troglodyte. Je suis sûrement loin de la réalité mais c’est néanmoins très plaisant.
Je fais ensuite une boucle par Capusin par Göreme, etc. Ca grimpe de partout et les distances entre les différents villages sont assez longues. La Cappadoce n'est définitivement pas la région concentrée et reposante que j'imaginais. Quand je quitte la place centrale de Derinkuyu pour aller chez mon hôte (un vieux maçon), je rencontre six cyclotouristes de Brescia qui sillonnent calmement la région. Nous décidons de rouler ensemble, dès le lendemain, pendant quelques kilomètres. Le rythme est plus tranquille et la compagnie fait du bien. Plus besoin de s’inventer des histoires pour s’entendre parler. Nous passons le midi sur la place de Güzelyurt et arpentons le village durant l’après midi. En soirée, je négocie pour planter librement la tente au bord de l’hôtel ; je n’ai pas les mêmes moyens que mes nouveaux compagnons. Mais les italiens, qui rivalisent avec les turcs en générosité, ne l'entendent pas de cette oreille. Ils m'offrent la chambre ainsi que le resto et me proposent de les accompagner pour une journée de plus. A ce tarif là, je n’hésite pas à leur emboîter le pas. Départ à 10h pour 12km de descente avant d’arriver dans la magnifique vallée d'Ilhara. Un 'canyon' percé de maisons, de tunnels et de chapelles au fond duquel se tortille une rivière. Nous nous y promenons très tranquillement pendant le reste de la journée qui se finit, comme le veut la tradition, au resto autour de quelques Efes. Bref de purs moments de détentes.
Après ces deux jours de vacances au programme très plaisant, je quitte la compagnie italienne et sort de Cappadoce ( Selime, Aksaray). Contraint et forcé, ou presque, je monte sur l’autoroute. Le paysage est quasi monotone: des champs à perte de vue et le lac salé (Tuz Gölu) durant toute la journée. Ne voulant pas de ce régime pour le lendemain je prolonge les heures passées sur le vélo et puise mon énergie dans le melon, le plat de riz, la salade et les çay que l’on m’offre. Je retrouve finalement un paysage et des routes plus sympathiques après 203km. Ce paysage champêtre et montagneux est à nouveau interrompu par une portion de près de 50km sur l'autoroute. Un trafic de fin de journée, un vent de face, des nuages menaçants et une banlieue industrielle, tous les ingrédients sont réunis pour passer une mauvaise soirée. Mais, comme à chaque fois, les turcs, qui gèrent parfaitement mon séjour dans leur pays, me viennent en aide. Une camionnette s’arrête et je monte à bord pour les 15km qui restent sur ce tronçon. Cinq minutes plus tard, nous embarquons un autre cycliste.
Cette fois, ce n’est pas un voyage qui fait rêver et qui vous donne des fourmis dans les jambes. Nima est photographe de presse en Iran et il fuit son pays où il est en danger de mort. Apres être monté 'clandestinement' dans le train reliant Tabriz et Van, il a roulé vers Ankara (près de 14h par jour) où il a demandé le statut de réfugié politique. Il se dirige maintenant chez un ami en espérant rejoindre l’Allemagne dans quelques mois. J’en reste évidemment bouleversé et suis mal à l’aise lorsque j’explique pourquoi je suis sur les routes. Nous partageons le risotto offert par les italiens et passons la soirée à discuter avant d’être interrompus par un orage.
Le lendemain, une fois que chacun a repris sa route, je profite deux fois plus de la chance que j’ai de pédaler paisiblement dans un tel décor. Un dernier col, et je plonge dans la vallée de Sakarya. Un paysage fantastique, mais néanmoins très physique, où les petits villages s’enchaînent. Je suis donc encore invité de nombreuses fois à boire le çay, prendre un repas ou passer la nuit. Des moments très plaisants qui ont rendu ma traversée de la Turquie extraordinaire.
Me voila à moins de 200km d'Istanbul et après de nombreuses tentatives j’arrive finalement à contacter François. Il est à une grosse journée de vélo derrière moi, je décide donc de l’attendre à Sarıcakaya.
Il nous faut encore deux jours et une vingtaine de çay pour rejoindre Istanbul où un séjour festif et 'culturel' nous attend. Nous y préparons également l’itinéraire des semaines prochaines qui est encore fort vague faute de carte précise.
A très bientôt
Gaël
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