As Salaam Aleikum,
Après une semaine, voici quelques nouvelles pour vous mettre au fait de la suite de nos aventures... Les derniers jours ont été peu mouvementés en raison de petits soucis de santé successifs... Adri a passe quelques jours dans un hosto d'Amritsar en raison d'une grosse gastro et d'une déshydratation, et nous n'avons pu repartir que mercredi. Avant de quitter la ville sacrée des Sikhs, nous avons passé l'après-midi dans le Golden Temple, un lieu de culte assez impressionnant où se recueillent chaque jour des milliers de personnes. Le mercredi donc, nous avons repris la route pour le Pakistan et Lahore. Entre ces deux importantes villes, à peine 50 km, en ligne droite continue. Départ le matin, et arrivée a la frontière vers 10h. Du côté indien, des casernes, des écoles militaires tout le long du chemin, et... des salles de mariages. Chacune des personnes que nous avons rencontrées en Inde nous a déconseillé le Pakistan. Trop dangereux, ce sont tous des terroristes là-bas ! Les Indiens les redoutent énormément, et chaque fois que nous prononçons le nom du pays, on nous dévisage en nous prenant pour des fous. Sur la fin, nous avions pris l'habitude de dire que nous passions par le Cachemire (pas vraiment réputé plus stable, mais c’est en Inde...) pour éviter les réprimandes. Les touristes que nous croisons, au contraire, en parlent comme d'un endroit incontournable, aux gens très accueillants et aux paysages sublimes. L'envie est donc très forte, mais les mises-en-garde successives de nos anciens hôtes nous font quand même un peu angoisser. Les contrôles successifs du côté indien se passent sans soucis. Les files de camions transportant des légumes sont immenses, et nous apprenons que les pilotes ne passent jamais la frontière. Les sociétés s’arrangent pour avoir des relais de l'autre côté de la frontière, pour que personne n'ait a subir la présence du frère ennemi. En une demi-heure nous passons tous les contrôles. Le passage entre les deux Etats est un peu lugubre. Nous sommes absolument seuls sur une route très large et immensément longue... Puis arrive le premier garde pakistanais. Militaire à la barbe longue, le look austère du Pakistanais qu’on nous montre a la télé. Petit stress, a cause du visa d'Adri qui comporte une rature, mais ouf ! Ca passe ! Le type nous gratifie même d'un sourire et d'un "Welcome in Pakistan !" Dix mètres plus loin, nouveau contrôle de visa, puis arrivée aux douanes. A l'entrée, une pancarte rappelle que les drogues, armes et autres roquettes sont from this point interdites (Si on avait su...). Bâtiment hyper-équipé, propre, spacieux... La transition est brutale. Rien de comparable avec les bâtiments délabrés du côté indien. Alors que le matin nous hésitions a cacher les dollars de peur de nous les faire voler, le seul contrôle que nous ayons eu fut "Nothing prohibited ?" Apres cela, arrêt dans une étape gouvernementale, et dégustation d'un merveilleux poulet-frites. De quoi nous souhaiter la meilleure bienvenue qui soit. Nous profitons ensuite d'un coin d'ombre dans un espace vert pour papoter tranquillement avec des Paki, situation impensable de l'autre côté. Puis redémarrage pour arriver à Lahore, dans un hôtel fortement recommandé par notre Lonely Planet. Lahore, c'est LA capitale culturelle et intellectuelle du Pakistan, une ville riche de plus de 8 millions de personnes. Et quand nous débarquons là, c'est la surprise : nous découvrons une ville autrement plus riche que n'importe laquelle des villes indiennes que nous avons traversées, une ville propre, sans bidonvilles et presque sans mendiants, dans laquelle personne ne nous harcèle... Le confort de la Guest house reste rudimentaire mais suffisant, on y trouve internet et des baroudeurs chevronnés qui ont parfois parcouru le pays dans tous les sens, et parfois le monde à plusieurs reprises (on a aussi l'impression que certains passent leur vie ici...). Nous sommes maintenant bloqués ici car François a des petits soucis d'estomac, mais ca nous a permis de bien découvrir la ville et l'ambiance du Pakistan.
Gens très ouverts et cultivés (nous parlons beaucoup plus l'anglais ici !) toujours prêts à discuter, à expliquer comment ils vivent la situation politique difficile de leur pays. A l'instar de l'Inde, il existe un véritable esprit de tolérance entre les différentes religions. Et si 96 pourcents des gens ici sont musulmans, nous ne ressentons aucun esprit critique envers nos origines, ni envers les Pakistanais chrétiens ou sikhs (beaucoup d'églises !). Nous avons eu l'occasion de passer quelques instants en compagnie de journalistes (entre autres musulmans), qui enragent contre les Talibans, et affirment que l'Islam est la religion de la paix, et que les intégristes ont volé l'Islam pour en faire une religion de guerre. Discours très sincère, qui n'oublie pas de blâmer aussi le gouvernement jugé trop laxiste... Des discussions très intéressantes.
A part ca, nous avons eu la chance de pouvoir assister à une nuit Souffi, une cérémonie de danse, chants et musiques de mystiques musulmans qui entrent en transe pour se rapprocher de Dieu (les plus célèbres d'entre eux sont les Dervish Turner de Turquie). Tambours et danseurs qui tournent sur eux-mêmes pendant des heures... Pas facile à décrire par écrit, il faudra qu'on vous en parle à notre retour. Passage aussi par la cérémonie de fermeture de la frontière a Wagah pour François et Adri. Joutes verbales et démonstrations de force entre les gardes de l'Inde et du Pakistan. Assez sympa, c'est plus un jeu (les points sont comptes jour après jour) qu'une véritable bataille...
Avant-hier, faux départ pour Gilgit à cause d'une compagnie de bus foireuse. On espère pouvoir partir en montagne ce soir ou demain au plus tard. A voir avec l'état du troisième lascar. Quoi qu’il en soit, on s'attend a un changement brutal, puisque nous allons passer de 40 à 5 degrés en deux jours... Mais après 10 jours de stand-by force, on ne se formalise pas trop de ça, surtout que ça sera probablement un des plus beaux passages de notre voyage...La suite de nos aventures dès que nous aurons un accès a Internet...
A bientôt...
P.S. : désolé pour le manque de photos, mais nous avons généreusement oublié notre appareil dans un rickshaw, et donc nous avons dû attendre d'en avoir un nouveau pour reprendre des clichés...