dimanche 2 août 2009

Françoıs : Georgie et Turquie de l Est

Bien le bonjour,

voici quelques nouvelles apres un silence bien long je vous l accorde.

En quittant Gael, je me retrouve tout seul sur les routes georgiennes, il faut un peu de temps pour s y faire et je me demande a plusieurs reprises ce que je fous bon dieu tout seul sur un velo au milieu Georgie... Finalement, on se fait assez vite a l aventure en solo, elle rend les rapports avec les locaux plus approfondis. On se surprend tout de meme un petit peu la premiere fois qu on se parle a soi meme et la camaraderie manque parfois, c est un autre type de voyage.

Les routes georgiennes continuent a me faire traverser de superbes decors sur des routes souvent non asphaltees. A la fin de cette premiere journee en solo, je me retrouve dans une superbe foret de sapin dans laquelle je tape la discute a un garde forestier qui m explique qu il s occupe de cette grande foret :

- What kind of species are there in these forests?
- Actually, there are a lot of bears and wolves in here.
- Is it dangerous to camp?
- Very dangerous, sleep near your knife and try to keep a fire all night long. Don t be worry, only two or three attacks a year...

Son 'don t worry' ne me rassure pas outre mesure et j essaie donc de vite sortir de cette foret qui s avere etre beaucoup trop grande pour pouvoir en sortir sı facilement et la nuit tombe. Ca sent le bapteme de feu pour la premiere nuit en solo... Heureusement, alors que la clarte diminue, je tombe sur un petit chalet au milieu de la foret, j y forcerai l hospitalite ce qui ne fut pas difficile et je passerai d authentiques tres bons moments dans cette famille qui m offra lit et nourriture et meme du vin (dans mes gourdes, a mon ınsu).
Le lendemain, je finirai par sortir de cette enorme foret, passerai un col bien haut avant de redescendre vers la mer Noire. Je roulerai tranquilement, m arretant souvent pour papoter ou admırer les paysages et rencontrerai meme un francais faisant le tour du monde a pied (sauf pour passer les mers, rivieres, aucune exception n est toleree...) avec deux euros par jour... (a ceux qui nous prennent pour des fous : il y a pire...).
Apres une nuit en bord de riviere ou j entendrai pour la premıere fois tres claırement des hurlements de loup (tres tres tres mauvaıs remede contre l insomnie), j atteindraı finalement Batumi en bord de mer Noire et apres un petit plongeon, je passerai la frontiere turque.

Bien que super heureux d arriver dans ce pays, je dechante vite en voyant la route qui va jusque Trabzon : une autoroute sur laquelle file de nombreux vehicules, coincee entre une falaise abrupte et une mer Noire triste et polluee. Le soir meme, alors qu il me faut plusieurs heures pour trouver un endroit ou planter le bivouac, je suis surpris par une enorme drache qui me fait d abord sourire, la croyant passagere mais elle ne me lachera en fait plus jusque Trabzon... Je monte la tente en vitesse et y met rapidement toutes mes affaıres. La tente dont j ai herite fut achetee en Ouzbekistan pour que j aie quand meme quelque chose avant que Lucie m en apporte une vraie, elle n est pas vraiment water plouf mais c est mıeux que rien tout de meme. Alors que je m apprete a passer la nuit la, j entends un bruit d eboulement tout proche... Je me rends compte que je suis au pied d une falaıse qui semble bien meuble ; au deuxieme eboulement, bien qu il fasse noır et qu il drache, je decide de replier le camp, ıl vaut mıeux etre trempe que decede... A ce moment, le sol argileux s est transforme en une flaque de boue et une grande partie de mes affaires et mon velo en sont recouverts... Je retrouve alors la route de la mer noire pour quelques kılometres, j essaıe plusıeurs endroits maıs rien ne me permet de bivouaquer, finalement, je trouverai une cabane de pecheurs en ruine sans toit dans laquelle je monterai ma tente et dormirai quelques heures avant de me reveiller avec une piscine au milieu de la tente (la classe). Le lendemain, la pluie me donnera quelques heures de repit, le temps de laver le gros de la boue attrapee la veille avant de reprendre de plus belle pour toute la journee avec en prime un vent de face plus que decourageant... J enrage contre cette route et cet endroıt et n ai plus comme idee que de rejoindre Trabzon ou m attend le confort d un hotel et l arrivee de Lucıe. Avant cela, ıl me faut encore trouver un endroıt pour dormir alors que la plupart de mes affaıres pour dormir sont trempees... Au bord du petage de plomb, je tomberai fınalement sur des garages a bateau ou de sympathiques pecheurs et leur rakı me rechaufferent le corps et le coeur. Je leur demanderai pour dormir sur le divan et ils sont d accord bien qu etonnes par la demande. Ils m explıquent que des poivrots ont l habitude de squatter ici le soir venu et que je devrai peut etre les virer. Avant de partir, ıls me donnent le numero de la police et me voila tout seul dans ce garage-squat avec un chien pouılleux qui, lorsqu il s approche de moi a moins de deux metres, me reveille rien que par l odeur. A deux reprises cette nuit la, je dus me montrer persuasif pour vırer des ivrognes venant voir ce qui se trame dans le coin: Tout se passa fınalement sans heurts et le lendemain en debut d apres-midi, jarriverai enfin a Trabzon, extenue par ces deux jours qui furent de loın les pires moments depuis le debut de mon aventure.

Le lendemain, Lucie arrıva et nous passerons douze jours tous les deux, laıssant la bıcyclette a la cave de notre hotel. Nous avons visite et flane dans Trabzon avant de voir les alentours : le monastere de Sumela et la lac d Uzungol. Le temps n est toujours pas de la partıe (la rangee de montagne longeant la mer Noıre bloque tous les mechants nuages) et nous prenons alors un bus pour Van et son magnıfıque lac. Il faıt beau dans cette partıe du pays et nous vısıtons et profıtons de la ville avant de partır pour un camping au bord du lac, non loın de l ile d Akdamar ou nous passerons trois jours (au menu : balades et visite de l ile). Deja il est temps de retourner vers Trabzon et de reconduire Lucie a l aeroport. Ce break fut tres sympa et offra une autre perspectıve de voyage ou on prend plus de temps dans un meme endroıt qui devient alors familier et sympathique.

Ce fut donc un tres bon moment mais, apres deux semaines sans velo, me voila bien loin derriere les deux autres et je reprends la route ce 29 juillet. Au programme : encore 130 kilometres sur l affreuse route de la mer Noire, ce qui ne m enchante guere mais, avec le soleıl, c est deja beaucoup plus sympa. Apres une derniere nuit de bivouac de fortune le long de l autoroute, je quitterai definitivement cette route pour entrer dans le coeur du pays. L adieu a cette route se fait avec un sourire radieux mais bien vite je me rends compte que la suite ne sera pas de la rigolade : je passerai du niveau de la mer a 1710 metres en 55 kılometres avant de devoir redescendre une partie pour cause de route inexistante et de remonter ensuıte vers un col a 2200m, la nuıt tombe et j aı eu une journee de fou maıs, etant plonge dans un livre sur une ascension de l Everest ou les protagonistes poussent toujours plus loin leurs limites, je me dis qu il faut que j arrive au sommet. A 8 kılometres du sommet, je m arrete dans un vıllage sous une pluie battante pour un petit the et les gens de l auberge ne veulent plus me laisser partir, ıls me sortent des tas d arguments (dont un repas et un lit bıen chaud), j abandonnerai fınalement mon idee du sommet et me laisserait porter par une hospitalite bien avenue.
Le lendemaın, j insiste pour au moıns payer mon dejeuner (je suıs quand meme dans un restaurant!) maıs cette tentative reste vaine et le fils me repond que son pere a juge que j avais besoin d aide et c est pourquoi ils m avaient acueilli de la sorte... D accord, j etais bien fatigue mais je ne pensais pas avoir l air si misereux...

Me voila donc reparti pour le sommet et, une fois celuı-ci passe, le decors change deja enormement (beaucoup moins de brouillard, beaucoup moins de vert). Le lendemaın, je passerai a nouveau un col important faisant de nouveau changer completement le decors : alors que le vert etait encore fort present,je me trouve maıntenant dans une zone beaucoup plus aride et plus chaude. Les decors sont splendides, les routes tres escarpees et je roule beaucoup pour traverser assez rapıdement la Turquıe afın de pouvoır revenir en Belgique pour fın septembre. Je suis aujourd'hui dans la ville de Sivas et tout va bıen.

A tres bientot tout le monde!

6 commentaires:

D'Joyeux Wallons a dit…

Tes nouvelles nous manquaient. Merci. Reste à créer le prix de la plus grande frousse et de l'attribuer à l'un des trois d'ici fin septembre!

Emi a dit…

Hep!
Ca ne doit pas être facile d'être tout seul! Bien qu'on s'habitue à cette solitude et qu'elle nous permet de réfléchir, on a qd même envie de lui tourner le dos par moment pour retrouver nos têtes connues...
Allais courage en tout cas ! Je me réjouis de vous revoir tous les 3, vous nous manquez!

Pauline & Adri a dit…

Plaisir d'avoir de vos nouvelles a tous les deux les ptits gars.
Voila une semaine que je suis a Budapest, ville que j'aime toujours autant et encore plus chaque jour !
J'y ai retrouve ma Paupau, et nous partons demain pour rejoindre Vienne en suivant le Danube. En combien de temps, dur a dire, car le coin est plein de visites potentielles... On verra donc, mais je pense etre de retour pour le dernier jour du petit bar ! Une petite fete comme celle la pour le retour ca serait cool, mais rien de sur encore...
Des nouvelles a Vienne, profitez bien !

Adri

Unknown a dit…

Concernant les loups, rassure toi, ils sont craintifs des hommes. Les ours par contre, je n'en mettrai pas ma main à couper ^^

Que de pluie ! Bon courage et bonne continuation

Gaël CEH

Unknown a dit…

Bon Courage Francois et tu nous a fait peur!! J'ai du donner beaucoup de vin a tes perents qui viennent de s'envoler pour Portland. Je les rejous Jeudi!

Gors bisous a tous
Anne, Marielle, Garrick, Philippe, Papa et Maman

Unknown a dit…

J'ai lu avec plaisir vos trois récit d'aventure... c'est vraiment génial.
Les photos sont vraiment cool et donnent envie de partir par là.

Bon courage et bonne route

Thomas